Les quartiers nord de Marseille témoignent d’un phénomène inquiétant : l’essor d’un empire de la drogue, orchestré par deux frères au parcours pour le moins singulier. Dans une affaire révélant des profits exorbitants liés à un trafic de stupéfiants, les enquêteurs s’attachent à dévoiler les rouages d’une organisation mafieuse complexe, où la gestion des affaires s’apparente à celle d’une entreprise florissante. Les méthodes utilisées pour écouler la marchandise et les responsabilités au sein d’un tel réseau impliquent une réelle maîtrise du commerce illégal, allant bien au-delà des simples transactions, et illustrent les enjeux sociaux et économiques d’un problème qui gangrène la cité phocéenne.
Le kidnapping du paysage criminel marseillais est aujourd’hui incarné par deux frères, Najib et Rachid G., impliqués au sein d’une organisation mafieuse orchestrant un vaste trafic de stupéfiants. Leur stratégie audacieuse génère des profits exorbitants, atteignant jusqu’à 8000 euros par jour lors des transactions. Cette affaire, qui remonte à 2018, a été mise au jour par des enquêtes minutieuses menées par la police judiciaire, dévoilant l’ampleur de leur empire criminel au sein de la région.
Un cartel familial
Les frères G., véritables architectes de leur réseau, se distinguent par leur compréhension du commerce illégal. Najib, comptable de profession, a su tirer parti de ses compétences pour optimiser les profits de leurs opérations. Le tribunal correctionnel de Marseille a découvert, grâce à des écoutes téléphoniques, que Najib plaisantait avec son frère au sujet des marges bénéficiaires sur la vente de leur marchandise. Officiellement, ce dernier se vantait d’achats à 39 euros pour une revente à 42 euros.
Points de vente stratégiques
Durant la période de 2018 à 2020, les deux frères dirigent deux réseaux de vente de stupéfiants, l’un situé à Plan d’Aou et l’autre à Kalliste, tous deux dans le 15e arrondissement de Marseille. Ces points de vente sont réputés pour leur rentabilité des plus élevées de la ville, générant des revenus colossaux à travers un approvisionnement continu. Leurs activités n’ont guère été entravées, même durant le confinement, période pendant laquelle la demande pour les stupéfiants a explosé.
Gestion de la chaîne d’approvisionnement
Derrière la façade d’un commerce florissant, l’organisation familiale s’est méticuleusement structurée. Les enquêteurs révèlent que les frères G. n’étaient pas seulement des revendeurs, mais également de véritables grossistes du trafic, alimentant d’autres réseaux en drogue et multipliant ainsi les profits. Au-delà de la distribution, un personnel dédié, incluant nourrices et rabatteurs, a été mis en place pour garantir le bon fonctionnement de l’entreprise criminelle.
Stratégies opérationnelles et logistique
Leur capacité à gérer une telle entreprise réside également dans l’usage innovant des technologies de communication, via des applications de messagerie cryptées pour coordonner leur approvisionnement et les livraisons. Loin d’être inhibés par les restrictions sanitaires, ils ont continué à opérer, en faisant preuve d’une résilience impressionnante pour un réseau criminel. La valeur des transactions était telle que Najib a mentionné la nécessité d’acquérir une compteuse à billets pour gérer le flux de liquidités en hausse constante dans leur entreprise.
Les conséquences judiciaires
Cette lucrative entreprise a cependant conduit à leur mise en lumière par les forces de l’ordre, culminant avec la comparution de 16 prévenus devant le tribunal de Marseille, y compris les frères G. qui font face à des accusations sérieuses incluant trafic de stupéfiants et participation à une organisation criminelle. Malgré ce qui semble être un empire indiscutable, les frères sont maintenant plus que jamais en péril, leur stature sur le marché de la drogue ayant attiré l’attention des autorités.
Un système hiérarchisé
Le modèle d’affaires mis en place par Najib et Rachid G. était non seulement finement huilé, mais également fortement hiérarchisé. Leurs collaborateurs, comprenant des gérants de terrain et community managers, étaient non seulement essentiels à l’opération, mais bénéficiaient également de bonus financiers en fonction des résultats. Cette organisation complexe fait écho à certains des systèmes les plus raffinés du narcotrafic international, illustrant comment un commerce si illégal peut fonctionner aussi efficacement.
Une délinquance en réseau
Cette histoire ne fait que souligner l’ampleur du fléau que représente le trafic de drogue à Marseille. Alors que les frères G. sont mis en cause, d’autres délinquants continuent d’évoluer librement, perpétuant un cycle de violence et de délinquance qui contrainte les habitants à composer avec leur situation. La police municipale a d’ailleurs récemment découvert des installations de cannabis dans des résidences marseillaises, ajoutant une toile encore plus complexe à ce réseau illicite. Des propriétaires ont aussi dû faire face à des squatteurs et aux conséquences de cette guerre des gangs qui marquent, jour après jour, la vie quotidienne de nombreux marseillais.
En conclusion, cette affaire des frères G. met en lumière non seulement un exemple flagrant de l’organisation criminelle à Marseille, mais aussi l’éventail de la réaction dont fait preuve l’État face à la montée du narcotrafic dans le pays. Alors que l’enquête se poursuit, il est évident que la lutte contre ces réseaux ne fait que commencer.