Dans le paysage gastronomique marseillais, le restaurant étoilé L’Épuisette, véritable institution établie depuis 1939, se retrouve au cœur d’une tourmente judiciaire et économique. Ce symbole de la haute cuisine locale doit plier bagage suite à une mise en concurrence controversée orchestrée par la métropole d’Aix-Marseille. Le propriétaire, Bernard Bonnet, ne cache pas son indignation, qualifiant cette situation de « braquage » de son établissement, tandis que l’équipe se prépare à quitter les lieux, le cœur lourd et les cartons à la main.
Le restaurant étoilé L’Épuisette, situé en plein cœur du Vallon des Auffes à Marseille, vit des heures sombres alors qu’il prépare sa fermeture. Après près de 85 ans d’existence, l’établissement, symbole de la gastronomie marseillaise, doit rendre les clés suite à la perte d’un appel d’offres de mise en concurrence. Le propriétaire, Bernard Bonnet, dénonce une procédure qu’il qualifie de trucage et d’hold-up sur son fonds de commerce.
Un héritage gastronomique menacé
Depuis son ouverture en 1939, L’Épuisette est devenu une référence pour les amateurs de cuisine raffinée, attirant une clientèle fidèle grâce à sa vue imprenable sur les îles du Frioul et la mer Méditerranée. L’établissement a été repris par la famille Bonnet dans les années 1970 et, depuis lors, a su préserver un savoir-faire unique, créant des plats qui célèbrent les produits locaux. Cependant, suite à un appel d’offres lancé par la métropole d’Aix-Marseille Provence, cette institution se voit contrainte de fermer ses portes, au grand dam de ses employés et de sa clientèle.
Une compétition inégale
Le cadre légal imposant une mise en concurrence pour l’exploitation de l’espace public maritime a été mis en place en 2017. Bernard Bonnet, le propriétaire actuel, a soumis une proposition pour continuer l’exploitation de son restaurant, aux côtés de deux autres candidats. L’offre gagnante est revenue à The Social Club, dirigé par la chef marseillaise étoilée Coline Faulquier, qui s’engage à gérer le lieu pendant dix ans. Cette décision a été accueillie avec amertume par Bonnet qui clame ne pas comprendre les raisons ayant poussé la métropole à rejeter son offre.
Un appel à la solidarité
En vue de la fermeture imminente, Bernard Bonnet a exprimé sa colère lors d’une conférence de presse organisée à cette occasion. Il a déclaré : «Une étoile marseillaise disparaît. En quoi on a péché ? Qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça ?». Son émotion est palpable, et il lance un appel à la protection des restaurants emblématiques de la ville, estimant que cette concurrence est injuste et malveillante. Plusieurs milliers de personnes ont même signé une pétition en ligne pour soutenir L’Épuisette et contester la décision de la métropole.
Le personnel en transes
Alors que les employés commencent à déménager, le cœur lourd de perdre leur lieu de travail, une ambivalence s’installe. Bien que la chef Faulquier se soit engagée à conserver l’équipe, l’incertitude pèse sur l’avenir professionnel des employés, dont certains ont passé des décennies au restaurant. Guillaume Sourrieu, le chef de cuisine de L’Épuisette, a exprimé son désarroi, déclarant : «Vider ce restaurant, ça fait mal. Je suis dans l’attente». L’héritage culinaire et humain que représente cet établissement est en train de s’effriter, engendrant un sentiment de perte collective.
La fermeture sous tension
Dans un climat tendu, la situation s’est intensifiée lorsque Bernard Bonnet a refusé de remettre les clés à un huissier envoyé par la métropole. «Vous voyez bien qu’on n’a pas fini de déménager», a-t-il rétorqué. Son indignation face à ce qu’il perçoit comme une injustice est palpable, et il a même saisi le tribunal administratif pour tenter de faire annuler la fermeture de son restaurant. L’Épuisette, dans l’œil du cyclone, devient ainsi le symbole d’un combat plus vaste pour la préservation des établissements emblématiques de la ville.
Le temps de l’incertitude
Dans les jours à venir, L’Épuisette fermera définitivement ses portes, entraînant avec elle une partie de l’identité gastronomique de Marseille. Ce chapitre se termine alors qu’un autre s’ouvre pour la nouvelle équipe, qui devra retracer le chemin des succès du restaurant tout en apportant sa propre vision. L’histoire de L’Épuisette est loin d’être oubliée et soulève des questions cruciales sur l’avenir de la gastronomie dans un monde moderne en constante évolution.